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La taverne de la JamaĂŻque

L’HISTOIRE

Cornouailles, dĂ©but du XIXème siècle. La « Taverne de la JamaĂŻque » est une petite auberge Ă  la rĂ©putation sinistre. une bande de malfrats y a en effet Ă©tabli son repaire, et mène depuis les lieux de rĂ©gulières missions pour faire naufrager les bateaux s’approchant trop près des cĂ´tes, les piller et ne laisser aucun survivant. Ils sont bien aidĂ©s en cela par Sir Humphrey Pengallan, juge de paix ventripotent, qui n’est autre en rĂ©alitĂ© que leur commanditaire.

ANALYSE ET CRITIQUE

Dans la filmographie d’Alfred Hitchcock, La Taverne de la JamaĂŻque a tout du film de transition. RĂ©alisĂ© après Jeune et innocent et Une femme disparaĂ®t, deux des Ĺ“uvres quintessentielles de sa pĂ©riode anglaise, le film est une adaptation d’un roman de DaphnĂ© du Maurier, que Hitchcock adaptera de nouveau pour son premier film amĂ©ricain, Rebecca, l’annĂ©e suivante. D’ailleurs, Hitchcock n’a pas encore donnĂ© le premier tour de manivelle de cette production britannique (de la compagnie Mayflower, fondĂ©e par Erich Pommer et Charles Laughton) qu’il a dĂ©jĂ  signĂ© depuis plus d’un mois son contrat d’exclusivitĂ© avec David O. Selznick. Pas vraiment rattachable Ă  sa pĂ©riode anglaise, pas encore assimilable Ă  sa pĂ©riode amĂ©ricaine, La Taverne de la JamaĂŻque est un film atypique dans sa filmographie. Un film de l’entre-deux, pas franchement rĂ©ussi mais pas complètement ratĂ©, qui porte son empreinte autant qu’il semble ne pas totalement lui appartenir…

Si DaphnĂ© du Maurier avait attirĂ© l’attention d’Alfred Hitchcock, c’était davantage pour Rebecca que pour ce roman, paru en 1934, que le cinĂ©aste ne voyait pas très bien comment porter Ă  l’écran. Après une première version du dramaturge Clemence Dane, Hitchcock retravaille la structure du rĂ©cit avec Sidney Gilliat (avec lequel il vient de travailler sur Une femme disparaĂ®t) et Joan Harrison, secrĂ©taire d’excellent conseil. LĂ  oĂą le rĂ©cit de DaphnĂ© du Maurier reposait sur plusieurs mystères Ă©lucidĂ©s très progressivement (la raison des naufrages, l’identitĂ© du chef de l’organisation…), Hitchcock, fidèle Ă  sa conception du suspense, dĂ©cide de tout rĂ©vĂ©ler d’emblĂ©e. l’activitĂ© criminelle des pillards est ainsi dĂ©crite, avec une vraie brutalitĂ©, dès la toute première sĂ©quence du film. De la mĂŞme manière, et probablement parce que le rĂ´le est endossĂ© par l’influent comĂ©dien-producteur du film, Charles Laughton, le rĂ´le du commanditaire des naufrages est considĂ©rablement Ă©toffĂ©, et son lien avec les criminels rĂ©vĂ©lĂ© très tĂ´t. Il faut d’ailleurs noter que, pour ne pas risquer de froisser le marchĂ© amĂ©ricain, le personnage quittera durant la prĂ©paration du film ses habits littĂ©raires de pasteur pour devenir un juge de paix. Ce faisant, Hitchcock dĂ©cale la tension du rĂ©cit, qui ne rĂ©side donc pas dans l’accumulation des coups de théâtre mais dans l’atmosphère de duperie et de mensonge qui enveloppe les personnages.

A cet égard, il convient d’insister sur la qualité formelle d’un film dont l’action se déroule quasi-intégralement de nuit ; les contrastes provoqués par la brume ou les contrastes tranchants de la photographie de Bernard Knowles participent grandement à l’atmosphère de l’œuvre, tout comme l’opposition entre les deux lieux principaux de l’action. les lignes verticales de la grande maison cossue de Pengallan s’opposent aux diagonales biscornues de la taverne, bicoque inquiétante qui effraie les cochers comme les chevaux.

Dans cette logique, la sĂ©quence la plus hitchcockienne (en tout cas, la plus rĂ©jouissante) du film est probablement celle – rappelant, d’une certaine manière, la confrontation entre Hannay et Jordan dans Les 39 marches – oĂą Trehearne confie Ă  Pengallan sa vĂ©ritable identitĂ©, sans se douter qu’il parle alors au chef de l’organisation criminelle qu’il doit dĂ©manteler. Se rendant Ă  la taverne, les deux hommes arrĂŞtent Merlyn, et tout l’enjeu de la scène rĂ©side alors sur le temps qu’il faudra Ă  Trehearne pour comprendre qu’il s’est fait avoir. Sans cesse repoussĂ©e (et le plaisir que semble prendre Hitchcock Ă  faire durer le petit jeu est communicatif), la rĂ©vĂ©lation surviendra dans la libĂ©ration « houdinesque » de Pengallan, frappant Trehearne d’une stupeur dĂ©confite.

Pour autant, on ne sent pas forcĂ©ment Alfred Hitchcock totalement concernĂ© par le film, ou en tout cas pas sur la durĂ©e entière du long-mĂ©trage. Ses films prĂ©cĂ©dents contenaient tous, Ă  leur manière, un morceau de bravoure formel, une friandise pour les yeux qui pouvait prĂ©tendre entrer dans le prestigieux musĂ©e des sĂ©quences d’anthologie de sa filmographie. A l’exception peut-ĂŞtre du plan vertical sur la chute de Trehearne – mais que l’on retrouvera, de façon infiniment plus spectaculaire, et en conclusion d’une sĂ©quence d’une autre densitĂ© dramatique, dans Cinquième colonne trois ans plus tard – et Ă©ventuellement de quelques plans furtifs sur Maureen O’Hara – nous y reviendrons, car il faut y revenir – l’ensemble dĂ©gage parfois une vague impression de roue libre. le film est joliment exĂ©cutĂ©, et sa direction artistique exemplaire emplit parfois l’écran de bien belles choses, mais on n’y perçoit aucun gĂ©nie particulier dans la mise en scène…

Les raisons en sont probablement multiples. la plus commune explication consiste à prétendre que Hitchcock avait déjà un peu la tête de l’autre côté de l’Atlantique, et probablement même était-il déjà obnubilé par l’entêtante figure de Rebecca, échappée des pages d’un autre livre. Une autre explication consiste à affirmer que Hitchcock était parfois plus à l’aise avec des productions moins ambitieuses, et que des dispositifs formels plus réduits stimulaient davantage son inventivité créatrice. Le Chant du Danube, importante production en costumes, avait déjà été un calvaire pour lui, alors qu’Une femme disparaît, avec son décor unique, avait été l’occasion d’un réjouissant exercice de style, notamment dans la gestion de l’espace. Ceci étant, Les Amants du Capricorne apporteront une éblouissante contradiction à cette généralité.

La troisième raison, de loin la plus convaincante lorsque l’on voit l’œuvre, est que Hitchcock s’était en partie fait dĂ©possĂ©der du film, et qu’il ne s’était pas forcĂ©ment battu pour rĂ©cupĂ©rer un dĂ» auquel il ne tenait probablement pas tant que cela. DĂ©possĂ©der. Oui, par Charles Laughton, producteur et comĂ©dien, qui ressemble ici Ă  ce point Ă  un ogre, ventru et infatuĂ©, qu’il semble souvent avoir littĂ©ralement dĂ©vorĂ© le film. Son numĂ©ro de cabotinage, portĂ© par un maquillage outrancier et des mimiques appuyĂ©es, est dĂ©libĂ©rĂ©ment excessif, et il pourra faire jubiler autant qu’agacer selon les spectateurs. Quoi qu’il en soit, le comĂ©dien phagocyte le film, et contribue Ă  faire de Pengallan sensiblement autre chose que le personnage auquel les scĂ©naristes du film avaient pensĂ© Ă  l’écriture. Sur le papier, Pengallan est un manipulateur, qui utilise les pillards Ă  ses fins, et cherche toujours un moyen de s’en tirer. A l’écran, il est un peu plus complexe et se rĂ©vèle pour tout dire assez dĂ©rangeant, dans la mesure oĂą l’interprĂ©tation de Laughton, qui ne lĂ©sine ni sur le charme, ni sur la dĂ©rision ni sur les changements de ton, contribue Ă  dĂ©samorcer certaines tensions tout en faisant naĂ®tre d’autres inquiĂ©tudes. en rĂ©sulte un personnage un peu insaisissable, aux humeurs sans cesse changeantes et aux accès de violence inattendus. Un psychopathe, au sens le plus pathologique du terme, chez qui la menace la plus effrayante rĂ©side dans sa constante imprĂ©visibilitĂ©. A un moment, Ă©trange et rĂ©vĂ©lateur, il s’emporte contre son servile domestique, Chadwick, puis immĂ©diatement, commente sa colère, et sans prĂ©avis, interroge en souriant le pauvre homme, un peu dĂ©muni, Ă  propos de l’un de ses aĂŻeux… Dans le dernier plan du film, le dit Chadwick entend de nouveau la voix claironnante de son maĂ®tre, comme si la mort de celui-ci ne l’avait pas libĂ©rĂ© de sa terrifiante emprise. On attribue Ă  Hitchcock une assertion affirmant, en substance, que la qualitĂ© d’un film reposait en grande partie sur la rĂ©ussite de son mĂ©chant… Pengallan n’est probablement pas la plus effrayante des figures du Mal qui parsème la filmographie d’Alfred Hitchcock, mais c’est indĂ©niablement l’une des plus Ă©tranges.

Plusieurs exĂ©gètes du film ont enfin expliquĂ© sa production singulière, et le relatif dĂ©sintĂ©rĂŞt de Hitchcock pour son Ĺ“uvre, par l’installation sur le tournage d’une rivalitĂ© entre ce dernier et Laughton, d’autant plus intĂ©ressante, psychanalytiquement et rĂ©trospectivement parlant, que les deux hommes pouvaient partager une certaine similitude morphologique. En ce sens, les dernières sĂ©quences, oĂą un Pengallan hallucinĂ© kidnappe Mary et lui promet une vie de princesse soumise Ă  ses cĂ´tĂ©s, ont inspirĂ© les commentateurs les plus inspirĂ©s, qui y virent un tĂ©moignage (inconscient) des fantasmes de domination et une manifestation de la frustration notoire de Hitchcock vis-Ă -vis de la gente fĂ©minine… Si on laisse aux interprètes leurs interprĂ©tations, il reste peut-ĂŞtre dans ces sĂ©quences le plus essentiel. la dĂ©couverte de Maureen O’Hara. La comĂ©dienne Ă©tait dĂ©jĂ  apparue, sous son patronyme de naissance Maureen FitzSimmons et dans des rĂ´les annexes, dans deux films de second rang, mais La Taverne de la JamaĂŻque reprĂ©sente, Ă  19 ans Ă  peine, son vĂ©ritable acte de naissance cinĂ©matographique. Ce n’est rien de dire qu’elle y est somptueuse, et les plans les plus marquants du film sont peut-ĂŞtre, tout simplement, ceux oĂą le cadre n’offre rien d’autre que son visage Ă  contempler (soit lors de son arrivĂ©e chez Pengallan, soit lorsqu’elle accroche un vĂŞtement enflammĂ© Ă  la balise ; soit lorsque, bâillonnĂ©e, elle suit Pengallan dans sa dĂ©rive vers la dĂ©raison). Une rumeur persistante veut que son engagement n’ait Ă©tĂ© initialement dĂ» qu’à un Charles Laughton tombĂ© amoureux – lui qui n’était habituellement pas sensible qu’au charme des jeunes filles. La question fondamentale est, en rĂ©alitĂ©. aurait-il pu en ĂŞtre autrement. Dans les mois qui suivront, Laughton allait emmener sa protĂ©gĂ©e aux Etats-Unis pour ĂŞtre, Ă  ses cĂ´tĂ©s, l’Esmeralda du Quasimodo de William Dieterle. Puis, très vite, elle serait l’inoubliable Angharad de Qu’elle Ă©tait verte ma vallĂ©e. Mais l’histoire pourra retenir que c’est dans une taverne Ă©quivoque, perdue quelque part dans les brumes de Cornouailles, qu’une flamboyante actrice est nĂ©e.

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