Criar uma Loja Virtual Grtis
Shutter Island voir ce complet film QHD

Critique lors de la sortie en salle le 24/02/2010

Par Samuel Douhaire

Tous les lecteurs qui avaient dévoré Shutter Island lors de sa publication, en 2003, en étaient convaincus. les studios hollywoodiens allaient s'arracher les droits du livre de Dennis Lehane (réédité chez Rivages Noir). Tous les ingrédients de ce polar appelaient le cinéma. un ­décor incroyable, un potentiel dramatique excep­tionnel, des rebondissements spectaculaires. Un matin de 1954, le marshal Teddy Daniels et son nouveau coéquipier, Chuck Aule, débarquent sur une île inhospita­lière au large de la Nouvelle-Angleterre. Shutter Island abrite un ancien fort de la guerre de Sécession reconverti en hôpital psychiatrique pour criminels particulièrement dangereux. Une patiente, internée après avoir noyé ses trois enfants, s'est mystérieusement évadée. Les deux enquêteurs fédéraux vont devoir affronter la méfiance des médecins, la violence d'un ouragan, mais, aussi, leurs propres démons.

Le récit machiavélique conçu par Lehane, son écriture si cinématographique (le roman fait souvent penser à un scénario clé en main) garantissaient le suspense. Encore fallait-il un grand acteur pour exprimer toute la complexité du personnage principal. Et un réalisateur inspiré pour hisser ce superbe scénario au-delà du simple thriller. Leonardo DiCaprio, de toutes les scènes ou presque, rend intense son personnage qui passe de la toute-puissance au doute absolu. Et Martin Scorsese se montre en très grande forme dans sa relec­ture du cinéma de genre. Le cinéaste le plus cinéphile de Hollywood se (et nous) fait plaisir en recréant l'atmosphère go­thi­que des films fantastiques des années 1940. tempête dantesque près de la chapelle, course-poursuite dans le donjon filmée en éclairages expressionnistes.

Mais les scènes les plus fortes sont les plus oniriques. images insensées de cadavres pris dans les glaces, cauchemars où le poli­cier revoit sa femme mourir dans un incen­die. Une pluie de cendres s'abat, alors, sur le couple, avant que Dolores (Michelle Williams, bouleversante) se consume dans les bras de son mari en larmes.

Ces scènes, par leur beauté même, provoquent le malaise. Le film, moins horrifique que le livre, se révèle aussi plus anxio­gène. Le ton est donné dès la première image, dès la première note de contrebasse, caverneuse et brutale. La mer semble calme, mais la tempête menace déjà, dans le ciel et sous les crânes, alors que le ferry se rapproche lentement de l'île.

Très tôt, Scorsese laisse planer l'incertitude sur la santé mentale de tous les résidents de Shutter Island. Malades « officiels » et personnel soignant. sous les apparences d'un psychiatre soucieux du bien-être de ses ­patients, le Dr Cawley (Ben Kingsley, d'un flegme glaçant) ne cache-t-il pas un savant mégalo, prêt aux expériences les plus barbares sur le cerveau humain. La paranoïa est constamment entretenue par la mise en scène, qui joue sur le hors-champ, l'ombre et la lumière pour stimuler l'imagination du spectateur. Où se trouve la frontière entre raison et folie. Comment distinguer les fantasmes de la réalité. La vérité, rappelle Scorsese, est aussi fugace et fragile qu'une flamme soufflée par le vent dans l'obscurité d'une grotte.

Critique du 17/06/2017

Par Samuel Douhaire

| Genre. Peur sur l'asile.

Un matin de 1954, le marshal Teddy Daniels (Leonardo DiCaprio, intense) et son nouveau coГ©quipier dГ©barquent sur une Г®le qui abrite un hГґpital psychiatrique pour criminels dangereux. Une patiente, internГ©e aprГЁs avoir noyГ© ses trois enfants, s'est Г©vadГ©e. Les deux enquГЄteurs vont devoir affronter la mГ©fiance des mГ©decins, la violence d'un ouragan, mais aussi leurs propres dГ©mons.

Martin Scorsese se montre en trГЁs grande forme dans sa relecture du cinГ©ma de genre. Le cinГ©aste le plus cinГ©phile de Hollywood se (et nous) fait plaisir en recrГ©ant l'atmosphГЁre gothique des films fantastiques des annГ©es 1940. tempГЄte dantesque prГЁs de la chapelle, course-poursuite dans le donjon. Le film, moins horrifique que le roman de Dennis Lehane, se rГ©vГЁle aussi plus anxioВ­gГЁne. TrГЁs tГґt, Scorsese laisse planer l'incertitude sur la santГ© mentale des rГ©sidents de Shutter Island. Malades В« officiels В» et personnel soignant. sous les apparences d'un psychiatre soucieux du bien-ГЄtre de ses patients, le docteur Cawley ne cache-t-il pas un mГ©galo prГЄt aux expГ©riences les plus barbares sur le cerveau. La paranoГЇa est entretenue par la mise en scГЁne, qui joue sur le hors-champ, l'ombre et la lumiГЁre pour stimuler l'imagination du spectateur. OГ№ se trouve la frontiГЁre entre raison et folie. La vГ©ritГ©, rappelle Scorsese, est aussi fugace et fragile qu'une flamme soufflГ©e par le vent dans l'obscuritГ© d'une grotte. — Samuel Douhaire